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vendredi 4 décembre 2015

L'enfant "différent" ....

Sujet sensible s'il en est, aujourd'hui je vous parle de cet enfant que tous les enseignants ont dans leur classe, celui qui ne parle pas, celui qui au contraire crie tout le temps, celui qui n'a pas d'interactions avec les autres, celui qui occupe vos pensées nuit et jour, celui qui n'avance pas au même rythme que les autres, trop vite, trop lentement...

Cet enfant est pourtant né comme les autres, il a été aimé comme les autres, il a grandit comme eux, entouré d'autant de bienveillance et d'attention. Et il est entré à l'école. Parfois, les parents sont conscients qu'il a ce petit quelque chose qui fait qu'il n'est pas "pareil" que les autres. Evidemment tous les enfants sont différents, mais lui, il a "quelque chose". Parfois, ils ne le voient pas, parfois ils ne veulent pas le voir.
Et il arrive dans votre classe.

La rentrée est l'occasion de faire toutes sortes de remarques sur le comportement et l'attitude de ses nouveaux élèves, et très vite cet élève en particulier va attirer notre attention. On ne veut pas le stigmatiser, on ne veut pas laisser passer des comportements qui sont inacceptables en classe ou dans l'école, et on ne sait pas comment faire avec lui. Il nous découvre en même temps qu'on l'observe, il se sent observé, il n'aime pas ça.

J'aime bien noter les petits événements de classe dans un carnet qui me sert autant pour les évaluations (en maternelle, le "devenir élève", même s'il n'est plus un domaine à part entière dans les programmes de 2015 représente un enjeu majeur au travers des premiers pas dans la scolarité) , que pour mes petites remarques, que je relirai en Juillet, la larme à l’œil et l'air pensif.

Alors, forcément, sur la ligne consacrée à CET élève, le papier se noircit plus vite, et les questionnements apparaissent. Comment vais-je faire avec lui? Comment vais-je pouvoir l'emmener à progresser alors que son comportement semble être une barrière dans les apprentissages? Va-t-il accepter de me faire confiance? Va-t-il s'intégrer au groupe et pouvoir participer activement à la vie de classe? ...

Je vais fouiller le net à la recherche d'outils brillants, je vais plancher tard le soir sur une organisation de classe optimale et sur des petites astuces qui pourraient marcher, je vais discuter avec des collègues même si je sais que tel élève ne sera jamais tel autre, mais sait-on jamais... Et puis un jour, cet élève me dira bonjour en rentrant! Peut être qu'il ne me regardera pas dans les yeux, ce n'est pas grave, peut être qu'il le dira si vite que j'aurais l'impression d'avoir rêvé, peut être aurais-je la larme à l’œil... Un autre jour encore, il lèvera le doigt pour parler, et je m'empresserai de lui donner la parole parce que je sais que je pourrai compter sur les autres élèves pour apprécier ce pas extraordinaire qu'il vient de faire. On l’applaudira d'ailleurs pour avoir attendu son tour et avoir respecté cela.
Le mois suivant, il viendra aider sa camarade qui n'a pas compris une activité en numération, parce que lui, il est super fort dans ce domaine. Je n'interviendrai pas. Je serai le témoin, ému, d'une scène qu'on  a attendue tellement longtemps et espérée tellement fort. Puis je le féliciterai. Fort. Devant tout le monde. Plusieurs fois.

Ça s'appelle le renforcement positif. Drôle de nom pour une attitude qui peut sembler naturelle pour certains. Saugrenue pour d'autres. Difficile encore parfois.

Mais essentiel.

Parce que ces grandes victoires s'acquièrent avec de la patience. Beaucoup. De la bienveillance aussi. Et c'est une récompense incommensurable. De l'or en barre. Ce qui nous fait tenir quand parfois ça ne va pas fort.

Parfois, on a juste envie de baisser les bras. Et puis on pense aux parents, à leur quotidien, on le compare forcément au nôtre. On essaie de se mettre à leur place, on se demande comment on aimerait que sa maîtresse soit. Et on repart. Parce que CET enfant a besoin de nous. Il a toutes les raisons du monde de baisser les bras, mais le matin, il vient en classe. Et sous ses airs renfrognés, il est content de venir à l'école. Même s'il n'en donne pas l'impression. Il est content parce qu'il est en train de trouver sa place. Ça prendra peut être un peu plus de temps que les autres, ça sera peut être plus dur, plus coûteux, mais ça arrivera.
Pour cela, il doit pouvoir s'appuyer sur des repères stables et fixes, un cadre "ferme et bienveillant" qu'il est si difficile d'instaurer, mais dont il a tant besoin. Pour autant, rappeler la règle, ce n'est pas le reprendre à chaque bêtise. Il sait qu'il en fait. Parfois non. Mais dans tous les cas, il n'y peut rien. Il est comme ça. Alors à quoi bon relever tout ça? Non, je me concentre sur le positif, je le valorise, je le pointe du doigt, aussi minuscule soit-il, j'inclus les autres, tout comme je valorise aussi le leur, on s'applaudit, on affiche les productions, on encourage la coopération plutôt que la compétition, et ce positif grandit et fait grandir l'enfant, comme une fleur qu'on aurait bien nourrie et arrosée. La terre serait la famille, l'eau l'école, et le soleil, les espoirs de CET enfant.

Je ne vis pas dans un monde de bisounours, j'ai travaillé dans le social avant de m'orienter vers l'enseignement. Peut être que ma vision des choses vient de la. Peut être qu'elle vient juste de moi. Je ne sais pas.
Mais je vais continuer à arroser ces fleurs, aussi diverses et variées soient-elles, parce que j'aime cultiver mon jardin...Et parce qu'à la fin de l'année, c'est tellement beau un jardin fleuri...


<3